Le 2 novembre, un jour pour aller en Eglise... Jusqu’à l’action de grâce.

31 octobre 2008

Alléluia Service n°979

Etonnant, sans doute, et pourtant, c’est la liturgie elle-même qui nous y invite. C’est sa fonction, son mystère et sa beauté. Ce dimanche 2 novembre, comme pour toute Eucharistie, nos communautés chrétiennes, rassemblées autour du Seigneur, se retrouvent dans l’amour et la communion fraternelle.

Mais ce jour-là, puisque nous sommes le jour des morts, ou selon le langage liturgique, le jour de la commémoration de tous les fidèles défunts, notre Eucharistie dominicale est, encore plus, une invitation à entrer dans le mystère de la gratuité de Dieu qui rassemble dans le Christ toute l’humanité : “Celui qui mange ma chair demeure en moi et moi en lui.” (Jn 6,56). Alors que la tristesse remplit nos cœurs, que nous sommes souvent habités par la souffrance, l’incompréhension et parfois la révolte, devant la mort d’un être cher, l’Eglise ouvre le chemin de l’Action de Grâce.

Les motifs en sont nombreux. D’abord le salut réalisé en Jésus Christ : “Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique … car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour condamner le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.” (Jn 3,16-17). Dieu, nous le croyons, a pris l’initiative de se donner à nous en Jésus Christ et de nous offrir gratuitement le salut. La Résurrection est évidemment à la source de notre joie et de notre louange. Anne Do Wattelle écrit : “Tandis que la mort semble mettre en échec ce cadeau de la vie, la victoire de Jésus au matin de Pâques, rappelée par le cierge pascal, nous révèle que lorsque l’amour nous donne d’être, c’est sans retour.” (1).
Il nous est bon aussi, lorsque nous parlons de ceux qui nous ont quittés, de rappeler ce qui était beau chez eux, ce qui était grand, ce que nous aimions et que nous gardons jalousement dans notre cœur. Nous croyons que tout cela n’est pas parti dans la mort. Toute cette richesse de vie est dans la lumière de Dieu car nous savons que dans tout ce vécu, Dieu a été glorifié. Rappelez-vous encore les disciples d’Emmaüs. Nous sommes le soir de Pâques. Les proches de Jésus, les disciples en particulier sont dans les questions et dans la douleur de la mort du Seigneur. Ils étaient de ceux qui espéraient en lui et “Voici le troisième jour que ces faits se sont passés.” (Lc24,21). Tout semble indiquer que c’est la fin d’une histoire. Une grande histoire, mais une histoire maintenant terminée. Jésus les rejoint et aiguise leur regard comme le font souvent des amis venus de loin ou des voisins attentionnés lorsque nous sommes dans le deuil. En fait ils montrent, comme dans le songe de Jacob, que “Dieu est là mais on ne le sait pas” (Genèse 28,16). Dieu, en Jésus et à travers toutes ces médiations humaines si précieuses, est à nos côtés pour nous entourer, nous soutenir, nous réconforter.

Cette relecture dans la foi est une action de grâce. Elle est la prière de l’Eglise : “Nous te rendons grâce, Père Très saint, pour ce regard nouveau que ton Amour nous donne sur ce qui s’est passé. Voilà que nos années, riches de souvenirs, se révèlent à nous, plus profondes et plus belles, comme la trace ineffaçable de ton passage dans nos vies... Près de nous se créent des présences nouvelles quand ton amour vit dans nos cœurs.” (2). Ce dimanche 2 novembre, nous faisons mémoire des merveilles de Dieu pour nous, et pour tous les hommes, nous confions à Dieu celui ou celle que nous aimons, et nourris de l’Eucharistie, nous reprenons la route du don et de l’amour.

(1) Revue « Célébrer » n°362 page 11.
(2) Rituel des funérailles n°97.