L’art très doux de la bénédiction

25 mars 2010

En vous réveillant, bénissez le jour qui vient, car il est déjà plein de biens invisibles que vos bénédictions vont attirer ; car bénir, c’est reconnaître le bien immense qui repose dans la structure même de l’univers et qui nous attend tous et chacun.

En croisant des gens dans la rue, dans l’autobus, sur les lieux de votre travail et de vos loisirs, bénissez-les. La paix de votre bénédiction les accompagnera sur leur route et le rayonnement de sa douce senteur sera une lumière sur leur chemin.

Lorsque vous rencontrez des gens et parlez avec eux, bénissez-les dans leur santé, leur travail, leur joie, leurs relations avec Dieu, avec eux-mêmes et avec les autres. Bénissez-les dans leur abondance, dans leurs affaires... Bénissez-les de toutes les manières imaginables, car de telles bénédictions non seulement sèment des germes de guérison, mais un jour feront éclore des fleurs de joie dans les espaces perdus de votre propre vie.

Tout en marchant, bénissez la ville où vous vivez, son gouvernement et ses professeurs, ses infirmières et ses balayeurs des rues, ses enfants et ses banquiers, ses prêtres et ses prostituées. A l’instant même où quelqu’un fera paraître à votre égard la moindre agressivité ou la moindre méchanceté, répondez par une bénédiction : ces gens, bénissez-les totalement, sincèrement, joyeusement, car de telles bénédictions sont un bouclier qui les protège dans l’ignorance où ils sont de leur mauvaise action et fait dévier la flèche dirigée contre vous.

Bénir signifie souhaiter, inconditionnellement, pour les autres, un bien total, sans restriction. Cet acte jaillit de la source la plus profondément enfouie au lieu le plus intime de votre cœur. Il signifie sanctifier, révérer, contempler avec une crainte respectueuse et extrême ce qui est toujours un don du Créateur. Celui qui est sanctifié par votre bénédiction est mis à part, consacré, rendu à sa pure intégrité. Bénir, c’est encore, en faveur d’une personne, invoquer la protection divine, penser ou parler avec reconnaissance, attirer le bonheur — bien que nous ne soyons jamais nous-mêmes les donateurs, mais simplement les témoins joyeux de la surabondance de la Vie.

Bénir tout le monde, sans aucune espèce de discrimination, est la forme la plus parfaite du don, car ceux que vous bénissez ne sauront jamais d’où est venu le rayon de soleil qui a subitement fait irruption au travers des nuages de leurs firmaments, et vous serez rarement les témoins de ce soleil qui brillera dans leurs vies.

Quand quelque chose dans votre journée ira complètement de travers, quand un évènement inattendu renversera vos plans et vous mettra vous-même par terre, éclatez en bénédictions ; car la vie vous donne une leçon, et cet événement même que vous croyiez indésirable, vous l’appeliez vous-même pour apprendre cette leçon que vous pourriez repousser si vous ne la bénissiez pas. Les épreuves sont des bénédictions déguisées et des légions d’anges suivent leurs pas.

Bénir, c’est reconnaître la beauté omniprésente et universelle cachée aux yeux de chair ; c’est donner toute sa puissance à cette loi de l’attraction qui, des plus lointains confins de l’univers, fera pénétrer dans votre vie exactement ce que vous avez besoin d’expérimenter et de goûter.

Lorsque vous passez devant une prison, bénissez intérieurement ses occupants dans leur innocence et leur liberté, leur douceur, leur être essentiel et leur pardon inconditionnellement ; car on ne peut être prisonnier que de sa propre image, et un homme libre peut marcher sans menottes dans la cour d’une geôle, tout comme des citoyens de pays où règne la liberté peuvent être prisonniers quand la peur hante leurs pensées.

Quand vous passez devant un hôpital, bénissez ses malades dans la plénitude de leur être, car même dans leur souffrance cette plénitude attend en eux d’être découverte. Quand vos yeux voient un homme en larmes, ou apparemment brisé par la vie, bénissez-le dans sa vitalité et sa joie : car nos sens corporels ne nous présentent que l’image inversée de la splendeur et de la perfection ultimes que seul l’œil intérieur perçoit.

Il est impossible de bénir et de juger. Aussi gardez fermement et constamment, comme une pensée profonde, sanctifiée, chantante, ce désir de bénir, car alors vraiment vous deviendrez un artisan de paix, et un jour vous verrez en tout lieu la face même de Dieu.

P.S. : Et, bien sûr, avant tout n’oubliez pas de bénir la personne tout à fait magnifique que VOUS êtes vous-même !

Pierre PRADERVAND

(traduit de l’anglais) JOURNAL DE LA PAIX

Février 1991