Benoît XVI a partagé ses impressions avant de reprendre l’avion pour Rome

23 mai 2009

Alléluia Service n°1008

Ce « pèlerinage » était à très hauts risques tant était possible sa récupération politique par chacun des deux camps.

Tous les discours du pape avaient été minutieusement préparés… Sauf le dernier, réécrit et distribué aux journalistes dans la matinée du vendredi 15 mai, une initiative qui faisait suite à celle de la veille, lors de la rencontre interreligieuse de Nazareth où, en réponse au chant de paix proposé par un Juif pour soutenir la prière silencieuse de chacun, un geste qui semblait lui-même imprévu, il s’était levé et avait pris la main de ses deux proches voisins, un rabbin et un dignitaire druze, assis de part et d’autre : un geste simple pour dire que la paix ne peut nous venir que de Dieu, non pas malgré nous, ni sans nous, mais par notre ouverture de cœur à la fraternité que nous tenons de Lui, en tant que créatures.

Jean Mallein, Alleluia-service.

Extraits du discours de départ de Benoît XVI à l’aéroport Ben-Gourion en présence du Président et du Premier ministre de l’Etat d’Israël :

[…] J’ai eu des discussions fructueuses avec les autorités civiles d’Israël comme des Territoires palestiniens, et j’ai été le témoin des grands efforts que font les deux gouvernements pour assurer le bien-être des populations. J’ai rencontré les responsables de l’Église catholique en Terre Sainte, et je me réjouis de voir comment ils travaillent ensemble au soin du troupeau du Seigneur. J’ai eu aussi l’opportunité de rencontrer les responsables des différentes Églises chrétiennes et communautés ecclésiales, aussi bien que les responsables des autres religions en Terre Sainte. Cette terre est vraiment un terrain fertile pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, et je prie pour que la riche variété de témoins religieux dans la région trouve son fruit dans une compréhension mutuelle et un respect croissants. […]

La cérémonie au palais présidentiel a été suivie par l’un des moments les plus solennels de mon séjour en Israël, ma visite au Mémorial de l’Holocauste à Yad Vashem, où j’ai rencontré quelques-uns des survivants qui ont souffert des démons de la Shoah. Ces rencontres profondément émouvantes m’ont remis en mémoire ma visite, il y a trois ans, au camp de la mort d’Auschwitz où tant de Juifs – mères, pères, maris, épouses, frères, sœurs, amis – ont été brutalement exterminés sous un régime impie qui propageait une idéologie d’antisémitisme et de haine. Cet épouvantable chapitre de l’histoire ne doit jamais être oublié ou nié. Au contraire, ces sombres souvenirs devraient renforcer notre détermination à nous rapprocher toujours plus les uns des autres comme des branches du même olivier, nourries des mêmes racines et unis dans un amour fraternel.

Monsieur le président, je vous remercie de la chaleur de votre hospitalité, que j’ai grandement appréciée, et j’aimerais qu’on se souvienne que je suis venu visiter ce pays en ami des Israéliens, tout comme je suis un ami du peuple palestinien. Les amis aiment passer du temps en compagnie ensemble, et ils sont profondément bouleversés de voir l’autre souffrir. Aucun ami des Israéliens et des Palestiniens ne peut éviter d’être triste de la continuelle tension entre vos deux peuples. Aucun ami ne peut éviter de pleurer à la souffrance et aux pertes en vie humaine que les deux peuples ont endurées durant les dix dernières décennies. Permettez-moi de lancer cet appel à tous les peuples de cette terre : plus d’effusion de sang ! Plus de combats ! Plus de terrorisme ! Plus de guerre ! Brisons plutôt le cercle vicieux de la violence. Que s’établisse ici une paix durable basée sur la justice, que s’établissent ici une réconciliation et une guérison véritables. Que soit universellement reconnu le droit de l’État d’Israël à exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Et que soit de même reconnu que le peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine et indépendante, de vivre avec dignité et de se déplacer librement. Que la solution de deux États devienne une réalité, et ne reste pas un rêve. Et que la paix jaillisse de ces terres, qu’elles soient « lumière des nations », apportant l’espérance à tant d’autres régions affectées par les conflits. […]