Le dimanche de la Miséricorde

30 mars 2008

Alléluia Service n°955

Il y a déjà presque trois ans, le 2 avril 2005, à 21h.35, le pape Jean-Paul II mourait. Il a vécu ses dernières heures accompagné par l’intense prière de toute l’Eglise qui célébrait déjà la fête de la Divine Miséricorde.

Cette fête, c’est lui qui l’a instituée, en l’an 2000 pour répondre au message d’une religieuse polonaise, Faustine Kowalska, morte à Cracovie à 33 ans. Jean-Paul II attachait une telle importance au Message de la Divine Miséricorde révélé à ste Faustine qu’il voulut faire d’elle la première canonisée de l’an 2000 et du troisième millénaire ! Et ce jour-là, pour lui donner un relief encore plus particulier, il ne canonisa qu’elle ! C’était le 30 avril 2000. Depuis nous célébrons la fête de la Divine Miséricorde le Dimanche après Pâques. L’Évangile est celui de l’apparition de Jésus ressuscité aux apôtres et à saint Thomas. Le Christ ressuscité se montre aux apôtres. Il a gardé les plaies ouvertes de sa Passion qui deviennent des signes privilégiés de la Miséricorde. Les apôtres sont à la fois invités à contempler ces plaies, à recevoir la paix et la joie de la Miséricorde et à en témoigner. A leur exemple, nous sommes aussi invités à vivre l’expérience de la Miséricorde non seulement pour nous-mêmes, mais pour être miséricorde dans ce monde et amener le monde à la Miséricorde, à l’exemple du Christ. Voilà le sens que Jean-Paul II a voulu donner à cette fête. Elle continue l’encyclique “Dives in misericordia” qu’il avait écrite au début de son pontificat, le 30 novembre 1980.

Il écrivait alors : “Plus peut-être que celle de l’homme d’autrefois, la mentalité contemporaine semble s’opposer au Dieu de miséricorde, et elle tend à éliminer de la vie et à ôter du cœur humain la notion même de miséricorde. Le mot et l’idée de miséricorde semblent mettre mal à l’aise l’homme qui, grâce à un développement scientifique et technique inconnu jusqu’ici, est devenu maître de la terre qu’il a soumise et dominée. Cette domination de la terre, entendue parfois de façon unilatérale et superficielle, ne laisse pas de place, semble-t-il, à la miséricorde. A ce sujet, cependant, nous pouvons nous référer avec profit à l’image ‘de la condition de l’homme dans le monde contemporain’ telle qu’elle est tracée au début de la constitution Gaudium et Spes . On y lit entre autres : ‘Ainsi le monde moderne apparaît à la fois comme puissant et faible, capable du meilleur et du pire, et le chemin s’ouvre devant lui de la liberté ou de la servitude, du progrès ou de la régression, de la fraternité ou de la haine. D’autre part, l’homme prend conscience que de lui dépend la bonne orientation des forces qu’il a mises en mouvement et qui peuvent l’écraser ou le servir” [n.13-14] ...

En effet, peut-on lire un peu plus haut : “Dans le Christ et par le Christ, Dieu devient visible dans sa miséricorde, c’est-à-dire qu’est mis en relief l’attribut de la divinité que l’Ancien Testament, à travers différents termes et concepts, avait déjà défini comme la “miséricorde”. Le Christ confère à toute la tradition vétéro-testamentaire de la miséricorde divine sa signification définitive. Non seulement il en parle et l’explique à l’aide d’images et de paraboles, mais surtout il l’incarne et la personnifie. Il est lui-même, en un certain sens, la miséricorde. Pour qui la voit et la trouve en lui, Dieu devient “visible” comme le Père “riche en miséricorde”” [n.12-13].

Voilà, magnifiquement définie par Jean-Paul II, la seule et unique mission de l’Eglise : montrer, à la suite du Christ, la tendresse de Dieu.

Lucien Aurard
Curé de Saint-Ruf.