Aider un diocèse en train de naître...

7 octobre 2008

Alléluia service n°976

Mardi 30 septembre, Mgr Henri Coudray, chargé depuis sa création, en 2001, de la Préfecture Apostolique de Mongo, au Tchad, entre N’Djamena et Abéché, était de passage à Avignon. Voici quelques échos de notre rencontre à la Maison Diocésaine.

“Je suis un ordinaire sans caractère”. Ainsi aime à se définir ce jésuite, originaire d’Annecy, au Tchad depuis 32 ans. Il est “l’ordinaire du lieu”, comme tout évêque en son diocèse, mais n’ayant pas été ordonné évêque, c’est ici le sens sacramentel du mot “caractère”, et n’ayant pas de ce fait la capacité d’ordonner des prêtres, il doit demander à un autre de le faire, mais c’est lui qui appelle au sacerdoce et c’est à lui que le nouveau prêtre fera sa promesse de servir l’Eglise. Préfet apostolique, il est, nous dit-il, “le pasteur d’un diocèse qui naît et qui est trop petit en nombre de chrétiens, en nombre de prêtres, pour voler de ses propres ailes et qui a besoin d’un appui financier et d’un appui en hommes et femmes pour avancer”.

Mgr Coudray avait deux bonnes raisons de venir à Avignon : l’an prochain, l’un de ses prêtres prononcera ses vœux dans l’Institut Notre-Dame de Vie où par ailleurs un professeur de collège de sa Préfecture compte lui-même s’engager en tant que laïc ; et, d’autre part, il connaît Mgr Cattenoz pour l’avoir eu comme collègue au séminaire de N’Djamena : “Pendant 6 ans, je suis intervenu occasionnellement pour enseigner l’islamologie, alors que lui était professeur de théologie”. À noter que Mgr Coudray considère comme sa “lune de miel” de jésuite les 10 ans durant lesquels, à titre de coopérant, il fut professeur d’arabe au lycée d’Abéché. Ce qui est peu banal, mais lui vaut de connaître là-bas beaucoup de monde. “Je peux très bien me faire flinguer, nous dit-il, mais ce qui me donne confiance aussi, c’est que je n’ai jamais eu de problème, depuis le début. J’ai, Dieu m’a donné, un don : d’abord, j’aime ces hommes et ces femmes…”

Qu’en est-il de ce diocèse en train de naître, le 8e du Tchad ? Aussi grand que la France, il occupe toute la partie est du pays, avec à l’ouest l’archidiocèse de N’Djaména dont il semble sur la carte comme le jumeau ; au nord, la Libye, à l’est, le Soudan, au sud la Centrafrique. Comme son Pasteur aime à le dire, “l’Eglise qui est à Mongo est une Église des frontières”. Mais c’est aussi pour une autre raison : 95% de sa population est musulmane. “La relation entre chrétiens et musulmans est constitutive de ce diocèse […] À Mongo, la commission diocésaine Justice et paix est intégralement interreligieuse : vous avez des catholiques, des protestants, des musulmans. C’est la seule, au Tchad, qui existe comme ça”. Précisons que c’est l’une des rares instances à combattre l’impunité devenue coutumière dans le pays en crise…

Dans le sud de la Préfecture Apostolique, comme dans les six diocèses du sud du Tchad, le christianisme est davantage implanté. Car, particulièrement sensible dans la Préfecture, il y a comme une “frontière invisible” entre le nord, musulman, et le sud où se situe la majorité des chrétiens. Dans le nord, malgré une “triple islamisation” (mosquées, conversions « aidées » et achats de quartiers), la progression de l’Islam semble, pour le moment, stagner. Dans le sud, en raison de l’image positive que l’on a de l’Eglise, mais aussi de la volonté de se dire “non musulman”, “le chiffre exact des catholiques déclarés est exactement le double que dans les registres paroissiaux”. Bref, si dans le sud il est quasiment naturel d’être chrétien, dans le nord, on l’est par choix. Et non sans risque.

Manque de prêtres : pour visiter ses deux communautés extrêmes, le curé d’Abéché, ville bien connue de nos militaires d’Orange, doit parcourir 1500 km, sur piste entre l’extrême nord et le sud de ce diocèse en train de naître, et dont Mgr Coudray aime se dire « le 10e prêtre ».

Son besoin le plus urgent ? Construire sa cathédrale. Qu’on se rassure, rien de pharaonique ! “Ce sera une église de 800 places qui soit digne, assez grande pour des rassemblements plus importants et qui puisse inscrire dans un milieu très islamisé la présence chrétienne. Actuellement, la minuscule chapelle Saint-Ignace ne contient pas 150 personnes !”. Si les murs en seront taillés dans la pierre (ce qui est une innovation technologique dans une région qui pourtant ne manque pas de bonne pierre), le toit ne pourra être qu’en tôle. Par contrainte technique, mais aussi économique, car il y a bien d’autres urgences, humanitaires : à l’ouest, près de la frontière, 230.000 réfugiés du Darfour, tous musulmans…

On ne saurait trop recommander le sitede l’Eglise de Mongo . Pour mieux connaître…
Dans l’attente de la réponse officielle de notre diocèse, on y trouvera un onglet “aide et contact”.