Résurrection de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ

6 avril 2010

Une recette de Pâques : des cloches, des oeufs en chocolat et de l’agneau

Aussi longtemps que ma mémoire remonte, mes premiers souvenirs de Pâques sont liés à plusieurs sens mis en éveil.

D’abord l’ouïe. Partout à la ville comme à la campagne, on entendait sonner à la volée les cloches. Les cloches, qui étaient parties à Rome le Jeudi Saint, revenaient, joyeuses, annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ. Et pour un enfant, c’était tout excitant et magique ! On ne le entendait plus depuis plusieurs jours, et voilà qu’elles réapparaissaient comme par miracle.

Puis la vue. La sonnerie des cloches était d’autant plus magique à mes yeux qu’elle était le signal avant coureur d’un moment merveilleux. Mes parents nous amenaient alors dans le jardin familial à la recherche d’œufs en chocolat que, disaient-ils avec un air des plus sérieux, les cloches avant de regagner le beffroi de leur église, avaient laissés tomber. Les yeux écarquillés, nous cherchions en courant ces œufs tombés du ciel, si mystérieux et si bons en même temps !

Enfin, le goût . Ici, je ne parle pas des chocolats que nous avalions précipitamment, mes frères et sœurs, (sans doute par peur qu’ils ne disparaissent au cas où les cloches repasseraient !), mais du moment solennel du repas familial. Tandis que nous recevions, en famille, par la télévision, la bénédiction Urbi et Orbi du Pape Paul VI, une bonne odeur d’Agneau pascal nous poussait irrésistiblement vers la table familiale. Après le bénédicité, Papa et Maman, tout en nous servant, nous expliquaient alors le symbole christique et pascal de l’Agneau, tandis que nous le dévorions… sans état d’âme !

Il me semble que le regard d’un enfant sur la fête de Pâques, fondé sur des sensations auditives, visuelles et gustatives, est un regard qui va s’ancrer au plus profond de son être, à la jointure entre le charnel et le spirituel. Tous ces signes et ces symboles vécus en famille imprègnent parfois plus efficacement la foi en nous que tous les sermons que nous écouterons par la suite. C’est une forme première de catéchèse indispensable au même titre que le signe de croix du papa ou de la maman fait sur le front de leurs enfants le soir avant de dormir !

Ces souvenirs, somme toute, domestiques et intimes, il m’a paru important de les donner à l’heure où nous cherchons tous à rejoindre les familles et les gens qui ne viennent plus régulièrement dans nos églises. Le Christ ressuscité rentre plus sûrement dans les maisons par ces signes concrets qui peuvent se répéter au fil des jours. Notre Messe de Pâques pourrait très bien les rappeler d’une manière ou d’une autre. Dans certaines paroisses, il est de coutume de bénir des œufs ou un agneau brioché au moment de l’Offertoire, qui seront partagés à la sortie de la Messe, dans d’autres on fait sonner à la volée les cloches avant et après la messe. On pourrait encore signaler le signe de la lumière et des vêtements blancs…

Avec le carillon des cloches, avec les œufs en chocolat, avec l’agneau pascal, nous tenons une bonne recette….

Pâques apparaît essentiellement comme la joie de la Bonne nouvelle qui bouleverse à jamais l’Histoire des hommes :

Christ est vraiment ressuscité, Alleluia ! Désormais, le mal et la mort ne sont plus les derniers mots de notre histoire !

Père Gabriel, curé du Secteur paroissial St Jean