13 janvier 2008 : Journée mondiale du migrant et du réfugié

9 janvier 2008

Alléluia Service n°944

Ce 13 janvier sera pour nos communautés le jour où nous tenterons de ne pas oublier ceux qui, parmi nous, ont du mal à trouver une place ou ne trouvent pas de place au nom d’une certaine idée de l’identité nationale ou des impératifs économiques réunis sous le voile de l’hypocrisie individuelle.

Au nom de notre difficulté à donner du temps pour accompagner, sur place, celles et ceux que nous refusons d’accueillir ou renvoyons chez eux sous le nom exorbitant de “respect des quotas”.

C’est encore le jour pour nous rappeler que les jeunes étrangers de notre société n’ont pas vocation à le rester au nom de leurs pères : ni étrangers à leur culture d’origine, ni étranger pour notre société, ni étranger à notre partage de civilisation où certains auraient des droits supérieurs aux autres.

Difficile et complexe alchimie de nos rapports, nourrie au rythme de la transgression opérée par nos gestes d’espérances, nos réalisations communes, par-delà les rancoeurs parfois ruminées et ressassées.

Ce jour, dans la variété de nos couleurs et de nos origines, nous voilà invités à nous redire qu’avant d’être un problème, nos différences sont une chance ; nous redire avec bonheur que “l’autre est l’autre nom du trésor qui nourrit nos vies”. Quel que soit l’autre. D’où l’invitation du jour : “Jeune de tout pays, partage tes trésors”. Voilà la jeunesse à laquelle sont invités les chrétiens.

C’est bien à cela que nous invitera Isaïe à travers la figure du serviteur de la première lecture de ce jour. Il est celui sur qui repose l’Esprit du Seigneur, celui dont la parole est sans bruit, qui ne fait pas la une des journaux et dont “on n’entendra pas la voix sur la place publique” [1]. Mais il est celui qui est mis à part, celui dont la main de Dieu prend la main (Isaïe 42,6) pour qu’il devienne lumière ; celui dont la manière de parler, la manière d’être lumière n’est rien d’autre que son geste pour l’autre, sa capacité à libérer le frère de son aveuglement, de sa prison, de sa ténèbre (Isaïe 42, 7).

Voyez comme est Dieu pour nous ! A l’image de son serviteur, il ne nous demande pas d’abord nos papiers : il nous prend par la main ! Il ne s’inquiète pas d’abord de notre identité : il se propose de faire de chacun de nous le nom de l’Alliance avec l’autre… et chacun est appelé à devenir comme un prénom pour Dieu ! Il ne cherche pas à savoir d’où nous venons, mais nous pousse à habiter avec Lui la terre des frères contre l’aveuglement de l’argent et du pouvoir, pour ouvrir les prisons de notre quotidien et dissiper la ténèbre de nos comportements égoïstes.

Etre chrétien nous invite aujourd’hui, à la suite d’Isaïe à sortir de la plainte, à nous mettre au travail pour enfanter de nos mains une terre habitable pour tous et préparer ainsi sa route au Seigneur. Voilà le “signe des temps” [2] que le monde attend de nous tel que le présente Luc dans son Evangile (Lc 4,16-21) citant un passage semblable du livre d’Isaïe.

Que le Seigneur nous aide à redécouvrir en chacun ce Dieu qui nous précède, en Judée comme en Galilée, dans notre foi et dans nos bien-veillances pour l’autre comme dans nos terres d’incroyance et de maltraitance du frère. C’est cette assurance d’une miséricorde au-devant de nous qui donne sens à notre marche et à notre présence aux autres.

Olivier Pety
Délégué diocésain de la Pastorale des Migrants.

[1] Isaïe 42,2.

[2] Instruction du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants, La Charité du Christ envers les Migrants, 14.