14 septembre : la Croix Glorieuse

9 septembre 2008

Alléluia Service n°972

La fête liturgique de la Croix glorieuse (anciennement appelée “Exaltation de la sainte Croix”) a – comme beaucoup de fêtes liturgiques – une double provenance : d’Orient où, à Jérusalem dès le Ve siècle, on célébrait l’anniversaire de la dédicace de la basilique du Golgotha (335), en référence à la découverte de la Croix du Christ. D’Occident où, à Rome au VIe siècle, était reprise la fête de la découverte de la sainte Croix et au milieu du VIIe siècle où, après une procession qui allait de Sainte Marie-Majeure au Latran, l’on proposait alors le bois de la Croix à la vénération du peuple.

Mais avant l’institution de cette fête en Orient et en Occident, la Lettre aux Hébreux (9, 6-14) interprétait le sacrifice du Christ sur la Croix en référence à la liturgie juive du Yom Kippour, la fête des Expiations, la fête du Grand Pardon, pour obtenir de Dieu le pardon de ses péchés – jour choisi par Salomon pour célébrer la dédicace du Temple de Jérusalem - qui est considéré dans le judaïsme comme le jour le plus saint et le plus solennel du calendrier religieux, au terme de dix jours de pénitence, de prière et de réconciliation qui commencent avec la fête de Roch ha-chanah (Nouvel An juif).

C’est donc dans ce rapport entre le sacrifice de l’ancienne Alliance répété tous les ans au Temple par le Grand Prêtre offrant du sang pour ses manquements et ceux du peuple, et le sacrifice de la Croix où Jésus, le Grand Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, offre par son propre sang une libération définitive, que se noue le sens de la fête de la Croix glorieuse. La Croix rédemptrice du Vendredi Saint peut être dite alors “glorieuse” car elle est la plus haute manifestation (épiphanie) de l’amour de Dieu pour l’homme, le délivrant définitivement du péché et de la mort. “Ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle” (Evangile de la fête).

La liturgie ne cesse de traduire ce que la Croix glorieuse ne cesse d’offrir aux hommes :
-  Antienne de communion : “Que notre seule fierté soit la croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. En lui, nous avons le salut, la vie, la résurrection ; par lui, nous sommes sauvés et délivrés.”
-  Prière d’ouverture : “Tu as voulu, Seigneur, que tous les hommes soient sauvés par la croix de ton Fils…”
-  Prière sur les offrandes : “Que cette victime, nous t’en supplions, Seigneur, nous purifie de toutes nos fautes, puisque sur l’autel de la croix elle a enlevé le péché du monde entier.”
-  Antienne de communion : “Quand j’aurai été élevé de terre, dit le Seigneur, j’attirerai à moi tous les hommes.”
-  Prière après la communion : “Conduis à la gloire de la résurrection ceux que tu as fait revivre par le bois de ta croix.”

Mais c’est dans la Préface que se concentre le sens profond de la fête : “Tu as attaché au bois de la croix le salut du genre humain, pour que la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort, et que l’ennemi, victorieux par le bois, fût lui-même vaincu sur le bois”. L’autre Préface au choix (Passion I) le dit autrement : “Par la puissance de la croix apparaît en pleine lumière le jugement du monde, la victoire du crucifié.”

Puisse ce jour de fête nous ramener au cœur du mystère de notre foi chrétienne : le mystère pascal du Christ mort et ressuscité pour nous. Saint André de Crète, évêque de Gortyne (660-740), écrit dans une homélie (1) : “S’il n’y avait pas eu la Croix, le Christ n’aurait pas été crucifié, la vie n’aurait pas été clouée au gibet, et les sources de l’immortalité, le sang et l’eau qui purifient le monde, n’auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n’aurait pas été déchiré, nous n’aurions pas reçu la liberté, nous n’aurions pas profité de l’arbre de vie, le paradis ne serait pas ouvert, la mort n’aurait pas été terrassée, l’enfer n’aurait pas été dépouillé de ses armes.”

(1) Homélie 10, PG 97, 1017-1024.