« J’espère contribuer ainsi à la paix dans l’Eglise »

20 mars 2009

Alléluia Service n°999

Geste inédit et surprenant que cette lettre adressée par le pape Benoît XVI, le 10 mars dernier, à ses « confrères dans le ministère épiscopal », une dénomination qui, au lieu des titres hiérarchiques habituels, fait référence sans aucune ambiguïté à la collégialité épiscopale redéfinie par le concile Vatican II.

Il ne nous est pas possible de reproduire ici cette lettre, par ailleurs largement diffusée dans la presse écrite ou sur Internet, mais seulement d’en citer quelques extraits pouvant nous aider à “être d’Eglise”, là où nous sommes.
En voici le début qui en fixe l’intention et le contenu :
“La levée de l’excommunication des quatre Évêques, consacrés en 1988 par Mgr Lefebvre sans mandat du Saint-Siège, a suscité, pour de multiples raisons, au sein et en dehors de l’Église catholique une discussion d’une véhémence telle qu’on n’en avait plus connue depuis très longtemps. Cet événement, survenu à l’improviste et difficile à situer positivement dans les questions et dans les tâches de l’Église d’aujourd’hui, a laissé perplexes de nombreux Évêques. Même si beaucoup d’Évêques et de fidèles étaient disposés, a priori, à considérer positivement la disposition du Pape à la réconciliation, néanmoins la question de l’opportunité d’un tel geste face aux vraies urgences d’une vie de foi à notre époque s’y opposait. Inversement, certains groupes accusaient ouvertement le Pape de vouloir revenir en arrière, au temps d’avant le Concile : d’où le déchaînement d’un flot de protestations, dont l’amertume révélait des blessures remontant au-delà de l’instant présent. C’est pourquoi je suis amené, chers Confrères, à vous fournir quelques éclaircissements, qui doivent aider à comprendre les intentions qui m’ont guidé moi-même ainsi que les organes compétents du Saint-Siège à faire ce pas. J’espère contribuer ainsi à la paix dans l’Église”.
Le pape commence par regretter que “le cas Williamson” se soit “superposé” à la levée de l’excommunication des quatre évêques “ordonnés validement, mais non légitimement” et ait pu apparaître “comme le démenti de la réconciliation entre chrétiens et juifs”. Notons heureusement que, parallèlement à la publication de cette lettre, le Pape a reçu une délégation de rabbins d’Israël, qui s’est trouvée tout à fait satisfaite de ses explications, le rabbin Cohen soulignant même “l’atmosphère chaleureuse de cette rencontre”.
Mais Benoît XVI ne s’est pas dissimulé la cause de cette crise : une information sans doute trop filtrée par les différents services du Vatican et qui semble méconnaître cet instrument universel de communication qu’est devenu Internet, mais aussi un manque de communication entre ces services, un manque de concertation entre les cardinaux responsables des dicastères et avec les conférences épiscopales. C’est pourquoi, pour lever toute ambiguïté quant au statut de la Fraternité Saint-Pie X, qui “n’a pas de position canonique dans l’Eglise” et dont “les ministres non plus n’exercent pas de ministères légitimes dans l’Eglise”, le pape va procéder à un important changement dans l’organisation de la Curie romaine : “rattacher à l’avenir la commission pontificale Ecclesia Dei – institution compétente depuis 1988, pour les communautés et les personnes qui, provenant de la Fraternité Saint-Pie X ou de regroupements semblables, veulent revenir à la pleine communion avec le Pape - à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi”. Car ce n’est pas seulement de discipline, mais de la foi de l’Église qu’il s’agit.
Lucidité et détermination, courage et mouvement de conversion, voilà qui est exigé par la mission de l’Eglise :
Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible : c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. D’où découle, comme conséquence logique, que nous devons avoir à cœur l’unité des croyants. En effet, leur discorde, leur opposition interne met en doute la crédibilité de ce qu’ils disent de Dieu. C’est pourquoi l’effort en vue du témoignage commun de foi des chrétiens - par l’œcuménisme - est inclus dans la priorité suprême. À cela s’ajoute la nécessité que tous ceux qui croient en Dieu recherchent ensemble la paix, tentent de se rapprocher les uns des autres, pour aller ensemble, même si leurs images de Dieu sont diverses, vers la source de la Lumière - c’est là le dialogue interreligieux. Qui annonce Dieu comme Amour "jusqu’au bout" doit donner le témoignage de l’amour : se consacrer avec amour à ceux qui souffrent, repousser la haine et l’inimitié - c’est la dimension sociale de la foi chrétienne, dont j’ai parlé dans l’encyclique Deus caritas est”.
Loin de cette caricature qu’en serait une uniformité imposée, l’unité des croyants ne peut venir que de Dieu.