La présentation de Jésus au Temple de Jérusalem

3 février 2010

Fête de la Rencontre

Le 2 février reste dans la mémoire chrétienne comme la « chandeleur », fête des « chandelles », à cause de la bénédiction et de la procession des lumières, la fête de la Lumière.

Ce jour-là, nous célébrons l’entrée de Jésus dans le temple, l’enfant Jésus, le tout petit, âgé de 40 jours, porté par ses parents qui viennent vivre l’acte traditionnel de la purification pour la maman et d’offrande du premier-né en ce qui concerne Jésus. Cette offrande nous renvoie à la mort des premiers nés en Egypte à laquelle échappèrent les fils d’Israël. La purification de Marie, quant à elle, nous signifie le fait qu’elle quitte le temps « sacré » de l’enfantement pour reprendre sa place « normale » dans la société juive de son temps, comme toute mère après l’accouchement.

C’est donc dans le cadre de cette liturgie juive traditionnelle que l’Esprit Saint va manifester à tout Israël, à travers Syméon et Anne, le dessein de Dieu qui se joue dans cet enfant.
C’est l’Esprit Saint qui conduit le vieillard Syméon ; et c’est lui aussi qui habite la Sainte Famille en chacun de ses membres. La « Rencontre » a donc lieu par la grâce de l’Esprit dans la maison du Père. Et le Fils, Jésus, en est le centre.

C’est la rencontre entre l’ancien et le nouveau ; un moment charnière dans l’Histoire de l’humanité où la première Alliance arrivant à son terme est portée par deux vieillards et la nouvelle Alliance, par un tout jeune couple et son bébé ! Quel contraste ! Dieu renouvelle tout dans la jeunesse de son œuvre. « Voici que je fais toutes choses nouvelles » dira l’Apocalypse !

Dans la grâce de l’Esprit, le vieillard voit en cet enfant l’accomplissement de ce qui lui a été dit de par Dieu, le signe de la fin de sa vie, et le signe de la Gloire d’Israël « Mes yeux ont vu ton salut », c’est à dire Jésus, le Messie, lui-même ; car en Jésus la personne et la mission sont identiques : « il est le Sauveur », avaient dit les Anges aux bergers de Bethléem. Comme Jean Baptiste des années plus tard, il désigne à Israël, le Messie, présent en son Temple. La prophétesse Anne fera de même en le proclamant à tous ceux qui « attendaient » la libération d’Israël. Proclamation dans le Temple par un homme, hors du Temple par une femme, bref à tout Israël par l’homme et la femme anciens, qui laissent la place à l’Homme nouveau, petit enfant, le Dieu immortel.

Cette rencontre débouche aussi sur la révélation de la mission même de l’Enfant : « il provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël », les amenant à tomber et à se relever, à ne pas croire puis à croire, les derniers qui deviennent les premiers…C’est le signe en but à la contradiction : nul ne peut rester neutre devant la révélation de l’œuvre pascale de Jésus qui est destinée à « tous les peuples ». Tous ont le cœur préparé pour entendre et accueillir la bonne nouvelle du salut puisque tous sont créés à l’image et ressemblance de Dieu. Chaque homme a dans son cœur la marque divine qui attend son OUI et dans l’Eglise du Christ chacun a sa place qui l’attend, place préparée par le Christ dans sa glorification.

En vivant dans la liturgie ce mystère de la présentation, nous vivons avec le Christ lui-même son entrée dans le Temple de l’Eglise, du ciel et de la terre, portant la lumière comme Marie portait l’Enfant… et Syméon le reçu dans ses bras. Ce n’est pas une simple procession d’entrée de messe…nous sommes porteurs de Dieu, théophores, car avec joie nous savons désormais que la mission de Jésus est accomplies.

Le glaive dont Syméon parle à Marie et qui passera en son cœur lui annonce, et nous annonce, que cette vie de lumière, avec la lumière, ne sera pas sans souffrance, car comme Jésus nous serons en but à la contradiction. C’est pourquoi cette procession et cette fête gardent toujours une marque de gravité, car, comme tout l’Evangile, elle nous oriente vers le mystère de la Passion et de la Résurrection de Jésus. Vivons donc pleinement cette fête où Jésus est offert au Père et nous avec lui, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

Père Pierre Joseph Villette