Un enfant, treize desserts et quelques milliers…

16 décembre 2009

Nous en avons entendu des promesses pendant ce temps de l’Avent ! Isaïe a annoncé la paix entre les nations (2,4), le soulagement pour les accablés (10,27), la consolation de ceux qui pleurent (25,8), le pardon des péchés (1,18) et la glorification de Dieu sur son peuple (2,4). Il a aussi prophétisé que les sourds entendront et les aveugles verront (29,18), que le boiteux bondira comme un cerf, que la langue du muet criera de joie (35,5) et que les morts revivront (26,19).

Quelle abondance de promesses et de bénédictions à venir ! Et pour tout résultat de cette attente, nous voici en cette nuit de Noël devant un petit enfant, un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Quelle tendresse, et quelle douceur ! C’est cela Noël : une abondance de bénédictions, serties dans un mystère de douceur et de délicatesse.

Cette subtile composition, nous la retrouvons d’une certaine manière dans notre noble tradition provençale des treize desserts. Voilà une tradition pleine de douceur, cela va de soi, qui garnit si joliment nos tables de fêtes, rassemble nos parents et amis et réjouis le cœur des petits et des grands ; une tradition qui adoucit la rigueur de l’hivers, ravit nos yeux et délecte nos palais. Mais aussi une tradition pleine d’abondance, fière de ses treize éléments, chiffre plus symbolique que réel, car qui saurait les nommer avec exactitude ? Qu’importe, il leur suffit d’être en quantité suffisante pour signifier toutes les grâces que nous recevons de l’Enfant-Dieu en cette sainte nuit de Noël, pour signifier aussi tous les présents que nous voudrions nous offrir en signe de ce cadeau inestimable qui nous est fait : Dieu le Père nous offrant son propre Fils.

Oui, le petit santon de l’Enfant-Jésus placé dans la crèche et les treize desserts présentés sur nos tables de fête renvoient tous deux au même Mystère d’abondance et de douceur, abondance de bénédictions pour le monde et douceur de la présence de Dieu venu vivre parmi nous.

Mais ce Mystère de Noël n’est pas qu’une belle image à contempler, et à déguster…, il nous renvoie à notre propre place en ce monde. La subtile composition entre abondance et douceur se vit aussi dans chacune de nos vies de chrétiens, ici et maintenant. Là où nous sommes, au travail ou à la maison, dans notre paroisse, notre ville ou en famille, nous avons à manifester la douce présence de Dieu parmi nous, et l’abondance de ses grâces. L’Enfant-Jésus, n’est pas seulement admiré dans un santon, il est prié. Les treize desserts ne sont pas seulement apprêtés sur nos tables, ils sont consommés. Ainsi le chrétien dans le monde ne va-t-il pas seulement à la messe de Noël, il annonce le salut en Jésus-Christ par toute sa vie. Que serait Noël, si chaque chrétien se contentait de le vivre pour lui-même ? Que signifierait que Dieu envoie son Fils sauver le monde, si chacun en fait une affaire de dévotion personnelle ? L’Enfant-Dieu déposé dans la crèche, ce n’est pas une dévotion, c’est l’essence même de notre foi, c’est l’événement qui, dans la douceur et la discrétion, transforme la marche du monde à l’ombre de la mort, en chemin de lumière et de vie. Noël, c’est la fête de ceux qui, illuminés par l’Emmanuel, Dieu venu vivre parmi nous, repart par un autre chemin annoncer cette joie à la multitude des hommes.

A qui vais-je parler de Jésus cette semaine ?

Père Yannick Ferraro

Paroisse du Sacré-Coeur - Avignon