L’ordre de la Visitation a 400 ans

25 janvier 2010

Pour présenter la genèse, la fondation et la diffusion de l’ordre de la Visitation Sainte Marie, il faut évoquer non seulement saint François de Sales, mais aussi Sainte Jeanne Françoise de Chantal. Celui qui est évêque de Genève « exilé à Annecy » depuis 1602 et la baronne de Chantal se rencontrent pour la première fois le 5 mars 1604 à Dijon.

Jeanne Françoise Frémyot, mariée au baron de Chantal, devenue veuve à la suite de la mort de son mari tué dans un accident de chasse, mère de six enfants dont quatre sont vivants, est une femme exceptionnelle. Femme de coeur et de tête, génie d’organisation, authentique mystique, elle est la femme en qui saint François de Sales a trouvé la fondatrice capable d’être “la pierre fondamentale” sur laquelle bâtir ce qui sera la Visitation Sainte Marie.

Une extraordinaire amitié spirituelle les lie, dont le seul lien est l’amour de Dieu, transfigurant cet homme et cette femme aux qualités uniques. François sait guider Jeanne Françoise de Chantal avec respect, amour, fermeté, prudence. Et Jeanne Françoise de Chantal, femme mystique à la vie spirituelle réaliste, presque toujours “sans consolation”, a, sans nul doute, aidé saint François à tirer au clair sa propre spiritualité.

Pour la fondation qu’il envisage, saint François de Sales a des vues nouvelles. Il veut un ordre religieux fait de femmes de toutes origines sociales, de toutes conditions de santé, devenant des contemplatives authentique s’adonnant à la visite des malades et des pauvres. C’est avec Jeanne Françoise de Chantal et ses deux premières compagnes que le 6 juin 1610, en la fête de la Sainte Trinité, a lieu à Annecy la fondation du nouvel ordre placé sous le nom de la Visitation Sainte Marie. Le premier monastère est situé dans la maison appelée “La Galerie”. Le jour de la fondation, la nouvelle petite communauté met en pratique la “visitation” aux pauvres et aux malades d’Annecy. Rapidement la communauté s’agrandit. François de Sales, non seulement accepte, mais veut que des postulantes de faible santé soient intégrées à cette communauté. D’autres vocations ne tardent pas à s’ajouter à cette communauté, obligée de s’établir dans une autre demeure, au centre d’Annecy, à cause de la petitesse de “La Galerie”.

La multiplication rapide des communautés va obliger la Visitation à changer de statut. En 1615, l’archevêque de Lyon souhaite qu’une communauté soit fondée dans son diocèse. Mais Lyon est en France, alors qu’Annecy est dans le Duché de Savoie. La congrégation “simplement projetée et érigée pour Annecy” (Saint François de Sales) doit-elle “se conformer aux règles juridiques que Rome imposait aux congrégations pour accéder à l’universalité de l’Eglise” (P. André Ravier) ? Sous la pression de l’archevêque de Lyon et les conseils des experts canoniques, un décret de Rome érige, le 23 avril 1618, la Visitation en “ordre religieux formel”, c’est-à-dire avec voeux solennels et clôture pontificale. Saint François, le 16 octobre suivant, applique le décret à la Visitation d’Annecy, en demandant, ce qui fut accepté, que le nom de “Visitation Sainte Marie” soit gardé et que l’ordre demeure sous le nom de la Vierge de la Visitation.

La célébration de ce quatrième centenaire nous permet de mieux connaître l’histoire des monastères de la Visitation que nous connaissons. Elle nous invite surtout à fréquenter ces deux grands spirituels, François de Sales et Jeanne Françoise de Chantal, afin d’apprendre à contempler et à imiter le Visiteur par excellence que fut et qu’est toujours le Fils de la Vierge de la Visitation.

Monseigneur Raymond Bouchex