Discours de clôture de la 49e Assemblée Plénière des Evêques de France

17 novembre 2009

prononcé par le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et Président de la Conférence des Evêques de France, dans l’hémicycle Sainte-Bernadette à LOURDES le 8 novembre 2009. (Extraits)

Au terme de cette assemblée, nous pouvons rendre grâce à Dieu pour le travail que nous avons accompli. {}

[…] La foule des hommes et des femmes de notre temps étaient bien présents à notre esprit, au cœur de nos débats, et notre regard de pasteurs sur ce monde était rempli de pitié et d’amour. Nous avions aussi à accueillir la consigne du Christ : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » (Marc 6, 37). Patiemment et obstinément nous avons donc rassemblé nos « cinq pains et nos deux poissons », nos maigres ressources pour apaiser les besoins des hommes de ce temps, et nous espérons avec confiance que Jésus, aujourd’hui encore, bénira nos pauvres moyens pour pourvoir à la faim des hommes.

Notre souci d’annoncer à tous la Bonne Nouvelle du Salut, nous le partageons avec nos frères prêtres, collaborateurs quotidiens de notre ministère, associés étroitement à notre charge d’appeler, de conduire, de fortifier et de stimuler le peuple qui nous est confié. Avec eux, nous mesurons chaque jour l’affaiblissement de nos moyens et l’abime qui sépare nos pauvres ressources de ce qui serait nécessaire. Notre désir pastoral et missionnaire est sans cesse confronté à ce écart et chacune de nos communautés chrétiennes y est confrontée avec nous. Que pouvons-nous faire ? Qu’allons-nous faire ?

Nous avons évoqué le temps du désert où Israël fut enfanté dans la foi par l’épreuve de la faim et de la soif. Mais cette lecture positive de l’épreuve est déjà un fruit de la foi, affermie par l’expérience, qui médite sur les événements vécus. C’est l’interprétation croyante d’une situation qui n’est pas, par elle-même génératrice du sens : la mort ne donne pas la vie, c’est Dieu qui fait surgir sa vie dans nos épreuves. C’est pourquoi, nous aussi, nous nous efforçons de vivre ce temps dans la confiance que, aujourd’hui encore, Dieu conduit son peuple et ne l’abandonne pas.

Cet acte de foi et de confiance est soutenu et nourri par notre communion avec les prêtres de nos diocèses, par leur fidélité quotidienne et leur générosité pastorale. En cette année du prêtre, nous vivons avec eux de la fidélité du Christ et dans la fidélité au Christ. Avec eux nous partageons les joies et les épreuves quotidiennes du ministère. Avec eux, nous appelons des hommes généreux pour se joindre à nous pour être les pasteurs du XXI° siècle. C’est une belle vie de se donner totalement au Christ pour le service de ses frères. Ensemble nous sommes soutenus et nourri par la fidélité du peuple chrétien fondée sur le roc de la foi. Les diacres, les religieux, les religieuses et tous les fidèles du Christ constituent ensemble le peuple de Dieu où la foi de chacun se retrempe et se renouvelle pour accomplir la mission. Comme aussi notre foi est ravivée et stimulée par les attentes de tous ceux et de toutes celles avec qui nous vivons. Laisserons-nous cette foule dans les déserts de ce monde sans lui partager le pain de la vie ?

Pour discerner et reconnaître où et comment Dieu veut conduire nos communautés, nous ne cherchons pas d’abord des formules toutes prêtes pour adapter nos organisations et nos structures. Nous nous mettons ensemble à l’écoute de ce qui peut aider nos communautés chrétiennes à reconnaître comment vivre ce qui fait leur identité et leur mission dans les conditions difficiles que nous connaissons. Leur identité, c’est la Parole de Dieu qui la leur donne, c’est cette Parole partagée et annoncée qui met en œuvre la visibilité sacramentelle de l’Église, signe et moyen de la communion dans le Christ.

Ce long travail spirituel dans lequel nous nous sommes engagés, c’est celui auquel nous invitons chacune de nos églises particulières pour discerner par quels chemins Dieu nous conduit. Ce long travail est un acte de foi et il ne peut se développer que si nous acceptons de ne pas nous laisser submerger par les regrets de ce qui était hier une relative prospérité ou par l’angoisse de maintenir à tout prix ce que nous avons connu : Israël ne retrouvera pas les oignons d’Égypte et Dieu, encore une fois, nourrira son peuple de sa manne. Dans chacun de nos diocèses, l’avenir de nos communautés chrétiennes repose sur la détermination de tous à témoigner de l’Évangile et à rendre visible sa puissance par la manière dont lui donnons corps à travers nos existences. C’est bien la passion de l’Évangile qui est notre identité et notre force.

La mission apostolique se nourrit de la vie sacramentelle dont nous sommes avec les prêtres, les ministres et les garants. C’est notre premier objectif : rassembler le peuple de Dieu pour que cette vie sacramentelle soit réelle et vivante. Les lieux et les formes de ce rassemblement ne sont plus ceux d’hier. Ils suivent l’évolution de la répartition et de la vie des hommes. Mais, à travers ces mutations, nous recherchons toujours comment les prêtres sont mieux engagés dans leur ministère pastoral de sanctifier et d’enseigner leurs communautés et comment l’Église tout entière, -et pas seulement les prêtres !-, vit dans la proximité de nos contemporains dans tous les domaines de leur existence : travail et vie sociale, famille et réseaux d’amitié, culture et loisirs, etc…C’est dans cet esprit que nous poursuivrons notre travail sur Demain, la vie de nos communautés chrétiennes. Nous le poursuivrons entre nous dans la suite de nos assemblées, comme nous le poursuivrons dans nos diocèses avec nos collaborateurs en y associant le mieux possible tous ceux qui sont disposés à servir l’Évangile. Nos échanges de ces jours-ci ne nous donnent pas des modèles transposables, mais ils nous donnent matière à réfléchir sur chacune de nos courriel situations.